Menacés d’expulsion, les locataires du Manoir Lafontaine manifestent

Guillaume Cyr | 24 Heures

 Joël Lemay / Agence QMI

Des locataires du Manoir Lafontaine, qui sont obligés de quitter leur logement en raison de travaux majeurs, et des citoyens venus témoigner leur soutien ont manifesté, vendredi après-midi, devant l’immeuble de l’avenue Papineau, à Montréal.

«Ces gens-là vivent de l’intimidation et du harcèlement et c’est inacceptable, a lancé la co-porte-parole de Québec solidaire Manon Massé. Les locataires en veulent, des rénovations, c’est sûr, mais on n’a pas à mettre tout le monde dehors.»

«L’inaction des gouvernements est d’un pathétisme crasse, ils persistent à nier la crise du logement. Les vautours cherchent les immeubles en mauvais état et ignorent les lois existantes», dénonce le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), Maxime Roy-Allard.

Le 30 mars dernier, chacune des 79 portes de l’immeuble situé au 3485, avenue Papineau, devant le parc La Fontaine, a reçu un avis d’évacuation temporaire pour des travaux qui devraient durer au minimum sept mois. Pendant les travaux, les locataires sont forcés de libérer les 14 étages du bâtiment, et ce, dès le 30 juin, avec une indemnité équivalente à trois mois de loyer, un montant qualifié de «dérisoire» et de «ridicule» par des résidents.

Une demande officielle d’évacuation des locataires pour la réalisation des travaux majeurs a finalement été déposée par le propriétaire, ce mercredi, au Tribunal administratif du logement (TAL).

Des locataires qui veulent rester

«On ne veut pas quitter», exprime René Thifault.

«J’ai décidé de combattre pour mes petits-enfants qui sont au secondaire. Est-ce qu’ils vont devoir consacrer 75% de leurs revenus pour payer un logement? M. Legault nous demande de rester chez nous pendant la pandémie. J’aimerais ça vraiment rester chez nous», ajoute-t-il.

«Il faut arrêter de vouloir faire que du profit, à un moment donné», insiste une autre locataire, Loan Nguyen. Selon elle, les réparations ne nécessitent pas l’évacuation de tous les locataires pour une si longue période.

Elle croit que l’immeuble de l’avenue Papineau est en train de devenir le symbole de la lutte contre les «rénovictions» dans la métropole.

«Ça va faire sept ans que j’habite ici, depuis que je suis arrivé ici avec mes parents au Canada, raconte l’une des occupantes, Isabella Garcia, qui insiste pour dire qu’il y a une crise du logement à Montréal. Je suis ici pour mes voisins, on est des amis.»

L’avis d’éviction ayant été officiellement déposé au TAL, les locataires devront maintenant discuter avec leurs avocats des prochaines démarches à entamer.

Plus grosse «rénoviction»?

Pour le Comité logement du Plateau Mont-Royal (CLPMR), qui appuie les locataires dans leurs démarches vis-à-vis du propriétaire, il pourrait s’agir de l’une des plus grosses tentatives de «rénoviction» de l’histoire récente de Montréal.

Une hypothèse qu’avait démentie Brandon Shiller, qui est à la tête de Hillpark Capital, la société qui possède l’immeuble.

«Il est important de noter qu’il n’y aura aucune éviction et qu’il s’agit d’une situation temporaire. Les locataires pourront réintégrer leur logement dès que les réparations majeures seront terminées et que l’immeuble sera en bonne condition.»

– Avec Anne-Sophie Roy

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