Le Manoir Lafontaine à vendre pour 28 millions
Devenu un symbole de la crise du logement à Montréal, le Manoir Lafontaine, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, est mis en vente pour 28 millions de dollars. Une situation qui n’affectera pas « les droits des locataires » qui demeurent toujours dans l’immeuble, assurent les propriétaires de l’endroit.
« Un emplacement imbattable et la possibilité d’effectuer une rénovation complète permettront à l’acheteur potentiel de maximiser la valeur locative » de ce bâtiment de quelque 90 appartements de l’avenue Papineau, situé à un jet de pierre du parc La Fontaine, indique la firme en gestion immobilière Colliers sur son site Web.
Une brochure de 10 pages sur ce site inclut plusieurs plans détaillés de l’immeuble construit en 1966, dont la valeur foncière s’élève à près de 10 millions de dollars, selon le rôle d’évaluation de la Ville de Montréal. On y mentionne la possibilité de réaliser une « rénovation complète » du bâtiment pour en augmenter les loyers des logements, qui sont actuellement offerts à un prix bien inférieur à celui du marché.
« Nous sommes présentement en train d’explorer toutes les options qui s’offrent à nous, incluant un partenariat avec une tierce partie, la vente de l’immeuble ou [d’autres possibilités]. Dans tous les cas, les droits des locataires seront préservés et protégés », a assuré vendredi Jeremy Kornbluth, qui chapeaute l’entreprise qui gère ce bâtiment avec l’investisseur Brandon Shiller.
La mise en vente de ce bâtiment représente donc une nouvelle étape dans la saga du Manoir Lafontaine, qui est rapidement devenu l’an dernier un symbole de la résilience des locataires dans le contexte de la crise du logement. Ceux-ci avaient d’abord été menacés d’éviction temporaire l’an dernier, avant de faire front commun contre leurs propriétaires et de remporter une première manche en mai dernier devant le Tribunal administratif du logement, qui a conclu que ceux-ci pouvaient demeurer sur les lieux.
« Une belle occasion » à saisir ?
La mise en vente du bâtiment survient alors que des négociations étaient en cours ces dernières semaines entre les avocats des propriétaires et des locataires toujours en place quant aux modalités de délocalisation de ces derniers pendant les travaux majeurs nécessaires dans ce bâtiment vétuste.
« C’est assez surprenant », lance le locataire Pascal Lavoie au sujet de la nouvelle. « Tout ce que je peux dire, c’est que c’est quand même une tournure d’événement qui peut être une belle occasion », note-t-il en entrevue. « Il y a une occasion à saisir pour faire des logements abordables » dans le bâtiment.
La porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain, Véronique Laflamme, opine dans le même sens : la Ville devrait saisir la balle au bond et acquérir ce bâtiment pour en faire une coopérative de logements abordables. « Si les fonds sont au rendez-vous, ce serait une très bonne opportunité de sortir du marché des logements qui sont encore abordables. »
Or, à 311 000 $ la porte, un bâtiment offert à 28 millions de dollars est bien trop cher en comparaison des « modiques sommes » disponibles dans les programmes gouvernementaux qui financent ce type d’acquisition, constate pour sa part le porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec, Martin Blanchard. « C’est un prix complètement fou. »
Joint par Le Devoir, le cabinet de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, dit n’écarter aucune option. « Chaque opportunité est étudiée afin de déterminer le potentiel d’un immeuble en fonction du prix et de son état, notamment », indique l’attachée de presse Alicia Dufour.
Dans les prochains mois, la Ville se penchera d’ailleurs « sur différentes solutions nous permettant de sauvegarder le parc de logements abordables existants à Montréal, notamment en travaillant avec des [organismes sans but lucratif] acquéreurs afin de pouvoir les outiller pour faciliter ce type d’acquisition », ajoute Mme Dufour.
Avec la collaboration d’Anne-Marie Provost
Sources et article complet : https://www.ledevoir.com/societe/747153/le-manoir-lafontaine-a-vendre-pour-28-millions