Des locataires de Kornbluth/Shiller devant le Tribunal administratif du logement

 

Des rénovations majeures au 3440, Ridgewood.

Travaux au 3440 Ridgewood à Montréal.

PHOTO : RADIO-CANADA / LOCATAIRE

 

Marie-France Bélanger (accéder à la page de l’auteur)

Des locataires incommodés par des travaux majeurs dans leur immeuble sont de retour devant le Tribunal du logement (TAL) vendredi. Ils réclament chacun 35 000 $ en dommages moraux et punitifs pour les préjudices qu’ils disent avoir subis pendant plusieurs mois. À leur avis, le propriétaire a multiplié les moyens pour les forcer à partir.

Quand un milieu de vie se transforme en chantier

De septembre 2020 à février 2021, des locataires du 3440 Ridgewood dans le quartier Côte-des-Neiges, à Montréal, ont vécu dans un véritable chantier de construction : poussière, bruits, accumulation de matériaux dans les espaces communs. En février dernier, ils ont même été évacués et relogés ailleurs pour des raisons de sécurité à la suite d’une ordonnance de la Régie du bâtiment.

Huit personnes, résidant au 5e étage, n’ont toujours pas pu réintégrer leur appartement. Quelques mois auparavant, la CNESST avait décrété l’arrêt des travaux en raison de la présence d’amiante dans les matériaux et des risques pour la santé des travailleurs.

L’arrondissement est également intervenu le mois dernier en exigeant du propriétaire un nettoyage complet et la décontamination des logements par une compagnie spécialisée. Leur histoire a été l’objet d’un reportage présenté à l’émission La facture le 20 avril dernier.

Plusieurs rénovations ont lieu dans cet immeuble habité.

Le 3440 Ridgewood.

PHOTO : RADIO-CANADA / STÉPHANIE ALLAIRE

Le bâtiment de cinq étages, situé au 3440 Ridgewood, compte 46 logements. Mais moins de la moitié sont aujourd’hui toujours habités. La majorité des locataires ont quitté les lieux. Le propriétaire est une entreprise dirigée par Jeremy Kornbluth et Brandon Shiller. Les deux hommes d’affaires, qui possèdent de nombreux immeubles à Montréal, suscitent la grogne de locataires. Leurs méthodes sont critiquées.

En 2019, le Tribunal du logement leur avait ordonné de cesser toute tactique d’harcèlement (sic) en vue d’obtenir le départ des locataires, incluant le harcèlement par négligence et par inaction. Les faits reprochés s’étaient déroulés dans un autre immeuble montréalais.

Des analyses de poussières d’amiante

Des locataires du 3440 Ridgewood redoutent d’avoir inhalé de l’amiante lors des travaux. En avril dernier, l’entreprise Axxonlab, spécialisée en tests d’amiante, a procédé à l’analyse d’échantillons de poussière à la demande de Radio-Canada.

Des locataires ont aussi fait faire des analyses sur de la poussière prélevée dans leur appartement.

Voici les résultats obtenus pour l’ensemble des tests. Les chiffres présentés sous la rubrique Concentration par cm2 correspondent au nombre de structures d’amiante, c’est-à-dire d’amas de fibres d’amiante, explique David Mitch, directeur d’Axxonlab.

Selon David Mitch, on peut qualifier de problématique la présence d’amiante dans la poussière lorsque sa concentration franchit le cap de 10 000. C’est le cas de trois des cinq échantillons analysés.

Le danger de l’amiante dans la poussière c’est que les fibres d’amiante retournent en suspension dans l’air et qu’elles deviennent des fibres d’amiante respirables, dit-il. Cela dit, les autorités n’ont prévu des normes que pour la présence d’amiante dans l’air, mais pas dans la poussière.

Me Eve Péclet, qui représente 24 locataires de 18 logements, entend aborder la présence d’amiante devant le tribunal. De son côté, Jeremy Korbluth, président de l’entreprise propriétaire de l’immeuble, par l’entremise de la firme de relations publiques National, indique que Les logements et les parties de l’aire commune identifiés dans les relevés ont fait l’objet d’un nettoyage en profondeur et que cette procédure s’est déroulée conformément aux directives émises à la suite d’une rencontre tenue au début de mai entre les représentants de l’Arrondissement, de la CNESST, du contracteur et de la compagnie de nettoyage. La santé et la sécurité des résidents est demeurée la plus haute priorité tout au long du nettoyage.

L’amiante est dangereux lorsqu’il est respiré. Pour les experts consultés, c’est préoccupant puisque l’amiante est cancérigène et qu’il n’existe pas de seuil d’exposition sécuritaire. Mais ils précisent toutefois que le risque est faible de développer un cancer à la suite d’une exposition de courte durée et de faible intensité.

L’amiante

L’amiante sous toutes ses formes est reconnu comme étant un cancérigène.

L’exposition se produit lors de l’inhalation de fibres d’amiante dans l’air.

L’amiante peut causer le mésothéliome, le cancer du poumon, du larynx et de l’ovaire, ainsi que l’amiantose.

Il n’y a pas de seuil d’exposition sécuritaire.

Les risques les plus importants proviennent des milieux de travail.

125 millions de personnes environ dans le monde sont exposées à l’amiante sur leur lieu de travail.

Source : Institut national de santé publique du Québec et Organisation mondiale de la santé

Compétence du Tribunal du logement

Les locataires réclament 35 000 $ chacun en dommages pour les préjudices allégués ainsi que le remboursement de leurs dépenses liées à leur évacuation en février dernier. Le juge doit d’abord déterminer s’il est compétent pour entendre cette cause, en raison des sommes réclamées qui pourraient dépasser les limites prévues. Les réclamations devant le TAL doivent être inférieures à 85 000 $.

Source et article complet : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1796513/travaux-majeurs-amiante-locataires-montrealais-tribunal-logement

 

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