Des dizaines de locataires menacés d’éviction dans Saint-Michel

L'immeuble situé à l'angle du boulevard Pie-IX et de la rue Hochelaga.
L’immeuble situé à l’angle du boulevard Pie-IX et de la rue Hochelaga. Photo: Gracieuseté

Après avoir soumis des avis d’éviction à plus de 200 personnes âgées au centre-ville, un entrepreneur controversé récidive. Les résidents de 35 logements dans Saint-Michel craignent d’être évincés de leur logement après avoir reçu un avis de résiliation de bail.

La résidence pour personnes âgées Mont-Carmel a fait les manchettes en février dernier. Son nouveau propriétaire, une société immobilière gérée par Henry Zavriyev, aurait modifié l’établissement en logements locatifs, même si cela était contraire aux engagements pris dans un acte de vente.

Sa société menacerait d’autres résidents, quelques semaines après avoir fait l’acquisition des cinq bâtiments dans lesquels ils se trouvent. Selon nos informations, un employé se présenterait aux portes avec des avis de résiliation de bail, qu’il tenterait de faire signer aux résidents. Souvent, il évoquerait la structure fragile des bâtiments, qui risquerait de s’effondrer. Pourtant, l’édifice a été construit dans les années 1990.

Une «stratégie bien rodée»

Selon des résidents interrogés par Métro, l’employé multiplierait les visites, se présentant jusqu’à 21h le soir. «C’est une stratégie bien rodée, explique un résident d’un bloc sur la rue Bélanger, Dary Brunet. La personne arrive très poliment, et prend son temps jusqu’à ce que les locataires pognent les nerfs.»

M. Brunet a laissé savoir à l’employé dès sa première visite qu’il n’abandonnerait pas son logement. Demeurant dans son quatre et demie depuis 28 ans, il refuse de partir. Il sait qu’à 510 $ par mois, il ne trouvera pas une aussi bonne aubaine dans le voisinage. Des compensation financières, parfois allant jusqu’à 9000 $ ont été offertes à d’autres résidents.

La même tactique a été utilisée auprès d’un résident d’un autre immeuble, situé sur la rue Bélanger. Malgré la pression, Pascal St-Gelais veut rester chez lui. Même si on lui a indiqué que son bail expirant en juillet 2023 ne serait pas renouvelé. Seul un jugement défavorable du Tribunal administratif du logement (auparavant la Régie du logement) pourra le pousser à quitter son appartement, assure-t-il.

Je suis choqué, enragé. Mais je n’ai pas peur. Il va falloir qu’ils m’usent, je suis prêt à aller à la guerre.

Pascal St-Gelais

La société immobilière multiplierait les efforts pour convaincre M. St-Gelais de même que d’autres résidents. Embêtés par la situation, ceux-ci ont expédié une mise en demeure à l’entreprise, dont Métro a obtenu copie. On accuse l’entreprise de «harcèlement et trouble de jouissance».

Henry Zavriyev n’a pas retourné les demandes d’entrevue de Métro.

La ligne bleue en cause

Jusqu’ici, le secteur de Saint-Michel était moins visé par des tentatives d’éviction. Avec le prolongement à venir de la ligne bleue, on constate sur le terrain que ce type de situation se multiplie. «Les gens nous appellent beaucoup pour les évictions et les rénovictions, explique la chargée de projet du Bureau Info Logement du Centre éducatif et communautaire René-Goupil, Céline Camus. Nos dossiers ont quadruplé en deux ans, et doublé lors de la dernière année.»

Des craintes semblables ont aussi été exprimées à Saint-Léonard.

L’équipe de Juristes à domicile a transmis des informations juridiques aux locataires menacés. Sans entrer dans les détails pour des raisons légales, sa présidente Carmelle Marchessault rappelle qu’un locataire ne peut être évincé qu’en cas de reprise de logement par la famille, de changement de vocation d’un appartement ou de subdivision.

Même après avoir signé un avis de résiliation de bail, les locataires peuvent avoir gain de cause devant le Tribunal administratif du logement. Ils doivent toutefois prouver qu’ils ont été induits en erreur, ou mis sous pression lors de la signature.

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